Moine, poète, martyr à Tibhirine en Algérie (1950-1996)

Christophe est né en France, en octobre 1950 au sein d'une famille croyante. Très jeune, il pense au sacerdoce et entre au petit séminaire de Tours. Toutefois, il choisit de ne pas poursuivre cette voie et entame des études de droit. Séduit par le mouvement de mai 68, il abandonne toute pratique religieuse. Sensible, Christophe est ouvert à l’amitié. Pendant les vacances, il consacre son temps avec l'Abbé Pierre dans les camps d'Emmaüs. Jusqu'en 1972, il fréquentera les sans-logis et les exclus de la société française, prenant conscience de l'ampleur de la pauvreté. Porter son regard vers les plus-petits sera pour lui une valeur importante dans son engagement futur. Dans le contexte d’une relation amoureuse, il fait un jour une expérience mystique très forte et découvre alors l’Amour qui transcende tous les amours.

"Ton - je t'aime - un jour m'est apparu
je n'en suis pas remis" Le souffle du don (page 20)


Un grand changement va s'opérer en lui grâce à la découverte des oeuvres de Charles de Foucauld.
Pendant son service civil, il devient coopérant en Algérie. C'est son premier contact avec la terre d'Islam. Là, il se lie d'amitié avec frère Luc, médecin et moine du monastère de Tibhirine, Notre Dame de l'Atlas, petite communauté de frères trappistes. Christophe s'y rend à plusieurs reprises et aime cette communauté sans éclats, simple et très vraie. Bientôt, il choisit de suivre le Christ dans ce prieuré cistercien. Pour sa formation, il devra se rendre à l'Abbaye de Tamié en France. En 1976, il retourne à l'Atlas et y prononce ses premiers vœux. Il revient à Tamié où il fait profession solennelle à la Toussaint 1980. En 1987, le Prieur de l'Atlas, Dom Christian de Chergé demande à frère Christophe de rejoindre la communauté. Il retourne donc en Algérie et y sera ordonné prêtre trois ans plus tard, en janvier 1990. A cette époque l'Algérie sombre dans la violence, des crimes s'ensuivent. C'est le début d'événements sanglants. La petite communauté est consciente de la situation, elle connaîtra d'ailleurs une première agression en 1993. Suite à des dialogues communautaires à la lumière de l'Esprit Saint, les frères décident de rester à Tibhirine encouragés par des musulmans avec qui ils entretiennent des rapports chaleureux. Ceux-ci savent que Père Christian est un vaillant témoin du dialogue interreligieux et que les frères aident la population musulmane environnante. Christophe est donc bien conscient de son choix, l'exprime à plusieurs reprises dans ses écrits : il aime ce pays, sa population et désire, malgré le danger, continuer à suivre Jésus en ce lieu. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, il est enlevé avec six autres de ses frères, ceux-ci seront retrouvés morts, assassinés le 21 mai. Christophe, le plus jeune, a 45 ans.

Ouvrir les écrits de frère Christophe, c'est savourer avec pudeur et sensibilité le mystère de Dieu.
Avec les mots du cœur et sous forme de concepts plus que de longues phrases, il nous plonge dans l'univers de sa vocation. Il utilise les mots dans l'espace et les mêle à un graphisme très simplifié dont la croix en est souvent la pièce majeure. Que ce soit son recueil de poèmes ou son journal, le langage de Christophe est celui d'un ami qui parle à Son Ami : le Christ. A l'intérieur de ses œuvres, nous découvrons sa vocation, son amour intense de Jésus, ses combats, ses joies, sa vie communautaire, sa relation avec les Algériens, son engagement total… Comme un humain contemple un tableau de peinture ou écoute une balade musicale, les écrits de Christophe font appel à nos sens. Ces petites méditations imprégnées de poésie stimulent la prière et l’émerveillement de qui sait se laisser porter par cette beauté originale.