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Le Christ-Roi.
Lc. 23, 35-48.

« Qu'il se sauve lui-même, s'il est l'Élu de Dieu ! » On l'avait acclamé et proclamé fils de David, descendant du grand roi, mais le voici élevé sur la croix. Son règne passera par l'épreuve et par l'alliance du sang versé, pour que tout homme puisse accéder au même sang que lui, qui est le premier-né de toute créature. Ce jour-là, tandis que la foule et les soldats ne savaient faire que ricaner, un avenir de paix et de bonheur venait au jour dans la cité du roi David, par le sang et l'amour du Crucifié. La croix sera toujours son étendard et son bâton de vrai pasteur, qui précède les siens et les conduit en paradis.
Nous sommes du même sang que lui, mais la chair et le sang ne peuvent nous révéler cette naissance, qui fait de nous des frères du Fils de Dieu. Pour le comprendre et pour renaître, il faut lever les yeux jusqu'à sa croix, son corps livré. Non pas pour rester là à regarder, muets et nous lavant les mains, mais pour lui dire dans la foi, et qui que nous soyons : « Jésus, souviens-toi de moi ! » Comment le premier-né de toute créature pourrait-il oublier ceux qu'il a rachetés, payant le prix du sang ? Nous avons part, grâce à lui, à l'héritage des saints. Il nous donne sa paix et sa justice, il nous rassemble en lui. Il est la tête de l'Église et le cœur d'un univers nouveau.
Hélas ! Tant de sang est encore versé en pure perte avec la mort des innocents. Le monde cherche en vain un paradis. Tant d'alliances, de mains serrées, ne vont qu'à l'injustice, et les petits cherchent un roi qui fasse droit aux malheureux, une cité de paix et d'harmonie. Jérusalem écartelée... Jérusalem tant désirée... Faut-il désespérer ? De tant d'amours perdus ne resterait que le néant si tout ne subsistait et ne tenait ensemble dans le Seigneur Jésus ressuscité. Puissions-nous reconnaître en lui le sens de notre histoire qui va d'un siècle à l'autre et de genèses en résurrections, vers une plénitude où la croix seule donne la vraie mesure de trop d'échecs désabusés, mais aussi de semences qui portent la moisson.
Celui qui désespère n'a pas la foi au Christ vivant. Sa croix maintient le monde et tout subsiste en lui.
Tout tient en peu de mots : « Aujourd'hui, avec moi, tu seras en Paradis ». Non pas un paradis de rêve, mais le triomphe de l'amour. « Tu seras avec moi ! » La foi est un amour, un don de soi entre les mains du Prince de la paix. « Aujourd'hui... » L'éternel aujourd'hui du Christ ressuscité qui nous prend en son corps, sans attendre demain. Afin que viennent les temps nouveaux, il nous faut dire et répéter : « Avec toi, Jésus, que je demeure... Que de ton sang je vive ! » Le salut de l'univers s'est joué sur la croix, et ils étaient bien peu à croire en ce Messie humilié... Un larron, quelques femmes, qui donc encore ? Qui sommes-nous pour sauver notre monde ? Nous sommes le Corps du Christ, et c'est par lui que tout est en nos mains, le présent, l'avenir, la paix et la justice, l'amour. Ne cherchons pas plus loin ! Le Paradis, c'est aujourd'hui.

G. Pinckers, Extrait de : « Feu nouveau. », 44ème année, no6, p. 86.