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« … Votre rédemption approche. »
Lc. 21, 5-19.


Le Temple de Jérusalem était une splendeur et les fidèles contribuaient à qui mieux mieux à l'enrichir. Il était la demeure du Dieu saint au milieu de son peuple, le signe de sa fidélité inébranlable. Mais les signes de Dieu ne sont pas absolus. Le Temple fut rasé de fond en comble par les armées de l'ennemi romain. Dieu aurait-il été détrôné de son œuvre ? Toute l'histoire pose la même interrogation, qui est terrible pour notre foi. Le Dieu de paix peut-il s'accommoder de tous ces peuples et ces tribus qui se déchirent à l'envi, le Dieu d'amour de ces épidémies de haine et de carnages ? Dieu est-il encore avec nous quand ses témoins sont suspectés et même inculpés de lèse-humanité ? Pourquoi faut-il que « tout cela arrive » comme s'y attendait Jésus ? Question terrible qui nous renvoie à la question fondamentale : pourquoi fallait-il que les ténèbres obscurcissent la terre et le soleil, en ce moment où le Juste Jésus était crucifié ? Les arrogants paraissaient l'emporter. « Vous serez détestés de tous à cause mon nom... » Son nom, qui est le nom de Dieu, car c'est Dieu qu'on déteste quand on se dresse nation contre nation et frère contre frère, quand la foi des plus humbles est suspectée, au nom, dit-on, de la raison.
« Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera !» Il s'est levé et il se lève encore dans le petit matin du Jour de Dieu. En ce matin, Dieu a pris en mains la cause de ceux qui s'accrochent à Jésus et reconnaissent en lui l'œuvre du Père. Il suscite dans le monde des hommes de témoignage. Témoignage fragile de la foi, à l'encontre des évidences de ceux qui revendiquent n'avoir que faire du signe dérisoire de la croix. Mais où est-elle la dérision quand notre foi reconnaît dans la croix le signe de l'Amour vécu jusqu'à l'extrême ? Notre Soleil rayonne au creux de nos cœurs. Notre persévérance est celle de l'amour et de la justice.
Notre travail et notre peine suscitent en nous des chants d'action de grâce, puisque, nous le croyons, au risque de paraître un rien naïfs, pas un cheveu de notre tête ne se perdra !
Ne nous laissons pas égarer : la victoire de Pâques et de la foi sera toujours un peu naïve. Dieu est naïf. Telle est cette naïveté, cette candeur, que nous offrons au monde, à travers les épreuves et les adversités. « Mettez-vous dans la tête, nous dit Jésus, que vous n'avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction. » Nous ne témoignons pas à coup de raisonnements. Nous laissons parler le Christ au cœur de notre foi. Oui, nous sommes naïfs. Jésus l'est tout autant quand il nous fait confiance.

G. Pinckers, .Extrait de : « Feu nouveau. », 44ème année, no6, p.77