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Le juge et la veuve
Lc. 18,1-8.

La parabole du juge et de la veuve est à rapprocher d'une autre parabole de Luc, celle de l'ami importun.
Imaginez le meilleur des cas, dit la parabole de l'ami importun : celui où vous avez affaire à un ami, à quelqu'un de bienveillant envers vous. Vous ne craindrez pas de demander et, au besoin, d'insister jusqu'à en devenir importun. Eh bien, Dieu est quelqu'un sur qui vous pouvez compter, comme vous pouvez compter sur un ami dont vous savez qu'il ne vous décevra pas, même s'il se fait prier !
Imaginez maintenant le pire des cas, dit la parabole du juge et de la veuve : vous pouvez avoir contre vous la malveillance et l'iniquité, mais si vous savez être tenace, vous finirez par être exaucé. À bien plus forte raison, avec Dieu qui est bon et bienveillant !
Il ne faut pas craindre de revenir à la charge, disent les deux paraboles : l'ami finira par vous ouvrir et le juge par s'occuper de la veuve. Les deux paraboles insistent sur le fait qu'il faut demander, dans la certitude qu'on obtiendra réponse ; mais elles ne disent pas qu'on obtiendra exactement ce qu'on a demandé !
Et, avant d'être exaucé, il y a tout ce moment où la demande reste déçue, où la porte demeure fermée et où le juge persiste à vous ignorer. Ce moment peut être très éprouvant pour la foi. Éprouvant au point d'amener celle-ci à démissionner, lasse d'attendre un Dieu qui ne répond pas, dont les retards et les silences en viennent à le faire considérer comme irréel, lui et ses interventions.
La tentation des croyants sera de se laisser décourager, de cesser de frapper, de « perdre la foi ». Ce sera de ne plus rien attendre, d'en venir à opposer son propre silence au silence de Dieu. C'est précisément la tentation à laquelle il ne faut pas succomber.
Au fond, en nous, il y a un peu des deux personnages de la parabole du juge et de la veuve. Il y a une part, en nous, qui résiste à la justice que Dieu veut faire avec nous, lorsque nous nous enfermons dans nos échecs et sommes tentés de ne plus croire en l'avenir. Mais il y a aussi, en nous, une part qui peut résister à ce découragement.
C'est alors que la prière peut apparaître dans sa vérité la plus profonde, non point comme une consolation facile ; mais comme ce cri que l'Esprit Saint respire en nous. Cri d'espérance en Dieu, cri d'espérance en l'homme.

B. Marliangeas, Extrait de : « L’expérience chrétienne. », p. 84-85. Avec coupures.