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Violence et réponse de Dieu
Lc. 17, 5-10.


La proclamation de la Parole en ce dimanche nous a proposé un long chemin de foi. De la première lecture à l'évangile, un itinéraire nous a conduits devant le Christ, Serviteur de Dieu.
Tout commence par une plainte tragique : le cri du prophète devant le mal du monde. Ce cri d'Habacuc jaillit du plus profond de l'humanité. Et il retentit aujourd'hui en des millions de voix qui protestent devant l'inutilité de Dieu. « J'appelle au secours et il n'entend pas; je crie contre la violence et il ne fait rien ». Ce n'est pas le seul endroit de la Bible où l'homme s'insurge contre son sort et contre la passivité de Dieu. Et à chaque fois, on voit des formes nouvelles, des cris jamais entendus. De la même manière, dans l'histoire humaine, l'écœurement devant le triomphe du mal semble, à chaque génération, prendre de nouvelles virulences et s'exprimer en blasphèmes plus agressifs.
Car pillage et violence se déchaînent dans tous les continents et l'humanité apparaît menacée par toutes sortes de maux. Ils apparaissent à cause de l'égoïsme qui gangrène le cœur des hommes et fait passer les intérêts des puissants avant le bien de tous. Que cela concerne l'environnement, la guerre, la famine, l'extension des maladies...
Quelle réponse la Bible attribue-t-elle à Dieu face à ces questions ? Quel discours la tradition de la foi a-t-elle transmis ? Ce qui est dit ici dans Habacuc est significatif : du côté de Dieu on annonce un salut futur dont on dit : «il ne décevra pas», du côté de l'homme, on invite à la fidélité, c'est-à-dire à la foi dans la durée. Car si le salut est promis, il paraît tarder et il faut toute l'énergie de l'espérance pour continuer de le croire possible. C'est bien souvent que le croyant doit appliquer ce que Paul disait à son disciple Timothée : réveiller en soi le don de Dieu afin de vaincre la peur et de retrouver la force, l'amour et la raison. C'est bien souvent que le croyant doit faire la même prière que celle des apôtres à Jésus :
« augmente en nous la foi ».
Quelle foi ne faut-il pas en effet pour continuer d'entreprendre, d'annoncer le salut comme une bonne nouvelle, de remplir ce service nécessaire simplement comme un devoir, une mission à remplir ? Quelle foi ne faut-il pas pour garder en soi une image de Dieu qui reflète sa bonté, sa tendresse pour le monde alors qu'on le croirait frappé d'indifférence ? Qui nous donnera la graine de foi qui changera notre regard ?
Nous n'aurions pas d'issue à nos questionnements si Jésus ne s'y était plongé jusqu'à la mort. Dans sa question sur la croix convergent et s'entassent toutes les interrogations de l'homme : « Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Depuis cette croix, scandale et folie pour les hommes, la puissance du mal est vaincue, même si elle semble encore dominer l'histoire. « Le juste vivra pas sa fidélité ». La phrase du prophète trouve un nouveau sens : Jésus est ce juste, avec lui nous vivrons. Dans son amour, notre foi. C'est là un « service » à rendre au monde : le service de la foi et du témoignage.

J. Thunus, Extrait de : « Feu nouveau », 50ème année no6, p. 13.