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Est-ce que je vois Lazare ?
Lc.16,19-31.


Chacun de nous est un Lazare pour les autres, parce que chacun de nous a ses misères et c'est une question "pour les autres". Mais, chacun de nous peut être un "mauvais riche" à l'égard des autres, alors, c'est une question "pour moi", une question qui interpelle chacun de nous. Qu'il y ait un ou plusieurs Lazare à ma porte, la question première est celle-ci : est-ce que je vois Lazare, si je sors de chez "moi" ?
Il y a bien des manières de voir. Comme le dit souvent le Seigneur Jésus et les prophètes avant lui : on peut "voir sans voir, entendre sans entendre". Est-ce que je remarque Lazare ? Cela va déjà plus loin que voir indistinctement !
Notre problème essentiel pour répondre à la parole insistante de Jésus, est celui de notre regard, le regard de notre cœur. Et c'est ce que nous apprend l'Esprit de vérité : il commence toujours par purifier notre regard.
Examinons quelques manières à travers lesquelles l'Esprit peut nous apprendre à voir dans la lumière, dans le regard même de Jésus.
II y a des situations où l'on voit - et on ne peut pas ne pas voir - ce qui ne va pas chez les autres. Mais par respect pour leur intimité ou leur conscience, on doit refuser de les juger. Comme on le dit en image, on doit "fermer les yeux", non pas pour se désintéresser des autres mais justement pour leur bien.
C'est de ces situations que St. François de Sales disait : "Sachez voir sans regarder !"
Il y a aussi - et l'Esprit Saint nous l'apprend - un regard qui accueille, un regard de silence, mais transparent. On ne juge pas mais Lazare comprend qu'il est reconnu. C'est déjà l'hospitalité du cœur cette écoute du regard, une écoute bienveillante, un simple sourire où transparaît la bonté de notre Père !
Nous pouvons aussi - cela va plus loin - voir en nous laissant questionner, interpeller. L'expression française "cela me regarde" le dit bien. Nous pouvons nous laisser interpeller, alors même que nous ne savons pas comment nous pourrons répondre. Or, trop souvent nous passons inconsciemment à côté des autres sans nous laisser interpeller.
La vraie vision du cœur est celle de l’amour. C’est cela que l’Esprit Saint veut nous apprendre, la compassion de Dieu. C’est celle qui nous fera sortir de nous, non pour plaquer sur les autres le bien qu’Il veut leur faire – c’est encore une manière de les dominer – mais en étant d’abord pétris, retournés, transformés par la compassion de Dieu.

Jean Corbon, Extrait de : Cela s’appelle l’aurore. Pages 75 – 77 avec coupures.